Nous voici partis, Bertand et moi vers un nouveau site de chasse au
Zimbabwe. Je connais ce site de réputation mais je n'avais pas encore
eu la chance d'y aller. Pour Bertrand, c'est sa première chasse
à l'arc. Il est fin prêt et très motivé.
Nous sommes partis d'Hararé pour descendre plein Sud vers le
Lowveld. La route est longue mais agréable. Il faut 6 bonnes heures
pour accéder au site.
Imaginez, 400 000 hectares totalement sauvages, un bush très
peu dense et une chaleur intense. Voilà ce qui devait nous attendre.
Malheureusement, si nous avions apportés nos arcs et nos flèches,
nous avons aussi apporté l’eau. La saison des pluies nous a accueilli
dans toute sa force, rendant le bush extrêmement boueux et les animaux
enfin libres de trouver de l'eau pratiquement là où ils le
souhaitent. La chasse dans ces conditions devenait impossible. Au bout
de trois jours, nous décidons donc de remonter vers le Nord sur
un site moins giboyeux mais où la pluie n'est pas encore arrivée.
Nous retrouvons enfin le soleil et le confort d'un lodge 5 étoiles.
La première sortie se fera en 4*4, ce qui permet à Bertrand
de faire connaissance avec son nouveau terrain de chasse (celui-ci ne fait
que 1000 hectares). Nous apercevons beaucoup d'animaux et la plupart des
femelles sont accompagnées de petits. Les tirs ne se feront que
sur les mâles ou les jeunes.
Bertrand va pouvoir goûter aux joies de l'approche avec un arc.
Pour lui qui était habitué avec une carabine, il a besoin
de nouveaux repères. Je lui sers donc de guide les premiers jours.
Les femelles étant pleines ou accompagnées, les approches
sur la harde sont très difficiles, elles sont en permanence sur
leur garde et nous repèrent très vite. Il nous faut donc
localiser des petites hardes de mâles moins méfiants.
Après quelques jours et quelques approches sans succès,
j’arrive à approcher une harde d’Eland dans un bush assez dense.
Je fais passer Bertrand devant moi et lui indique la trajectoire à
prendre et où se poster pour espérer un tir. La harde semble
être constituée d’une quinzaine d’animaux que je vois marcher
lentement à travers le feuillage. Son approche est très lente
et il se faufile très bien entre les petits. arbres. La chaleur
le fait transpirer à grosses gouttes mais les animaux ne l’on toujours
pas repéré. Je suis resté allongé et suis sa
manœuvre à distance tout en regardant les animaux. Alors que tout
semble bien se passer, un énorme cobra sort de son trou (l’inconvénient
de chasser à cette époque en Afrique) entre lui et moi, à
une quinzaine de mètres. L’animal est dans son dos, il ne peut pas
le voir. Je me redresse et suis la progression du serpent qui rampe lentement
vers mon ami. J’hésite à le prévenir car les Elands
sont très proches et il pourra peut-être tirer. Le serpent,
quand à lui, continue à progresser. Il est à 4 ou
5 mètres de lui maintenant. Heureusement, 1 mètre de plus,
et il rentre dans un autre trou. Je respire enfin et peux me rallonger.
Bertrand ne s’est rendu compte de rien !!! L’approche ne sera pas fructueuse
mais il a appris.
Nous passons les fins de journées dans un affût que je
fais appâter toutes les après-midi. Généralement,
vers 17 h, des warthogs. arrivent et un plus tard des Bushpigs. Parfois
même, des pintades viennent grignoter. Dommage pour elles. Bertrand
est là et elles vont constituer son premier animal à l’arc.
Du même affût, il va tirer un bushpig et deux warthogs. Je
lui avais dit que ces cochons là étaient vraiment résistants
et que seule une flèche de cœur ou les deux poumons permettaient
de retrouver son animal. Il s’en est vraiment rendu compte après
avoir poursuivi son bushpig pendant une journée entière pour
l’achever à la carabine.
J’ai eu la chance de tirer un superbe mâle Bushpig à l’approche.
En plein jour, ce qui est extrêmement rare. Sa harde d’une vingtaine
d’animaux se déplaçait bruyamment. A moins de 20 mètres,
la flèche lui a traversé le cœur. La piste était facile
à suivre et nous l’avons retrouvé à une cinquantaine
de mètres de l’impact. Ce qui est amusant dans la chasse au Bushpig,
c’est que lorsque vous les cherchez, vous ne les trouvez jamais. La plupart
des rencontres (en plein jour) se font généralement alors
que vous êtes à l’approche sur d’autres animaux.
En une semaine, Bertrand aura appris beaucoup de choses : l’utilité
d’un GPS, les joies de l’approche à l’arc, la nécessité
d’une flèche parfaite sur un cochon. C’est bien pour une première,
vivement sa prochaine leçon.